☽ ~ sous les tropiques, ou presque

Lou,

Tu étais belle, Lou. Tu étais belle à en crever tu sais. Tu étais belle à l’intérieur. Et à l’extérieur j’en avais le souffle coupé. Mais je n'aimais pas ton eau saline, Lou. Je ne l’ai jamais aimée, celle que tu as versé sur mon épaule si souvent. J’ai toujours trouvé ça bizarre tu sais, Lou. Qu’une fille si malheureuse puisse me rendre si heureuse. Il y avait un truc en toi Lou, malgré tout ça. Tu étais comme un soleil incandescent, une étoile tellement brillante, tellement irradiante, qu’elle se serait consumée elle-même. C’est ça, Lou, non ? Tu t’es consumée. Comme grignotée par des chagrins invisibles. Comme prête à imploser à tout moment. Je crois que j’ai toujours connu la fin de ton histoire, Lou. En même temps, tu ne me l’as jamais cachée. Tu le disais, Lou, que vivre c’était trop difficile. Tu disais que tu n'étais qu’éphémère. Comme tout le monde, en fait, mais toi tu voulais décider ta date de fin. Tu disais que ce n'était pas ta vie, que tu te sentais spectatrice de ton propre film, et que ça ne valait pas plus qu’une série B. T’as été une étoile filante dans ma vie, Lou. Et je voulais juste t’en remercier. Merci d’être passée dans la mienne, plus que dans toutes celles que tu aurais pu visiter. Merci d’avoir marqué la mienne, Lou. Tu étais belle, Lou. Putain ce que tu étais belle.

Maman,

Ce n’est pas de ta faute, maman. Ce n’est pas de ta faute si je suis tombée, tu sais. J’aimais ça l’escalade, du haut de mes seize ans, j’aimais tellement ça. Et à choisir je préfère que ça me soit arrivé ainsi. Si je le pouvais, si je voyais encore, je recommencerais, maman. Je grimperais encore, en m’assurant cette fois que le matériel ne soit pas défectueux, et je me sentirais incroyablement bien, à nouveau. Ce n’est pas de ta faute, maman. Et puis qui aurait imaginé ça ? Parmi toutes les blessures causées dans ma chute ? Parmi la fracture de la clavicule, les quatre côtes cassés, la fracture de la rate et l’hémorragie cérébrale, parmi toutes ces choses qui m’ont value deux semaines de coma artificiel et tellement de mois d’hospitalisation ensuite, qui aurait pu croire que les nerfs optiques étaient endommagés ? Endommagés au point que je ne verrai plus jamais les couleurs du ciel ni celles que je trouvais dans tes yeux. Endommagés au point que les larmes coulent chaque fois que j’entends quelqu’un me dire « si tu voyais ça ». J’ai mal, tu sais, maman. Mal au point de ne plus vouloir d’enfant, si c’est pour ne jamais les voir grandir. Mal au point de hurler quand je me retrouve seule le soir. Mal au point de frissonner chaque fois que j’entends des pas se rapprocher de moi sans déterminer à qui appartient l’odeur qui l’accompagne. Mal au point de ne jamais te dire combien j’ai mal. Mais le plus important, maman, c’est que ce n’est pas de ta faute.

Jeno,

Ne me fuis pas, Jeno. Je sais comment tu t’appelles mais je ne sais pas à quoi tu ressembles. J’ai entendu ton prénom une fois, je suppose que tu ne le sais pas. Comment le saurais-tu, Jeno ? Si je fais un pas en avant tu en fais un en arrière, je le sens bien. Je ne sais pas à quoi tu ressembles mais je connais ton prénom, Jeno. Je connais ton prénom et je sais ton odeur, et ta couleur. Car pour moi, tout le monde a une couleur. Il y a des couleurs si pâles qu’elle sont imperceptibles, et il y en a des si vives qu’elles me font mal à la tête. La tienne, Jeno, est enivrante. Elle est douce et vive à la fois. Elle est belle ta couleur, Jeno. Alors pourquoi me fuis-tu, Jeno ? Est-ce que mes yeux si vides de vie te font peur et t’écoeurent au point qu’un contact avec moi t’es trop insupportable ? Est-ce pour ça que j’ai toujours l’impression de t’agresser lorsque je t’adresse la parole ? Parfois j’aimerais poser mes doigts sur ton visage et t’imaginer, Jeno. Imaginer celui qui me repousse chaque jour avec douceur. Car en dépit de toute la distance que tu t’évertues à mettre entre nous, en dépit du dégoût que j’ai l’impression de te causer, tu as l’air bienveillant. Je n’y comprends plus rien, je comprends même de moins en moins. On ne se connait pas, je connais ton prénom, ton odeur, ta couleur, et ton dégoût quand tu me vois. J’ai seulement besoin de comprendre pourquoi.

☽ ~ toutes mes félicitations
alors c'est parfait pour moi aussi, elle dégage tellement de douceur

Maintenant, on te laisse découvrir le reste en passant par la gestion de ta fiche de liens, la création de ton téléphone si tu veux pouvoir être joignable ( et recevoir des prédictions de señora irma !) Puis pourquoi pas un petit tour - ou retour - vers l'annexe de Séville. T'es plutôt du genre ambitieux ? Dans ce cas, va donc jeter un oeil au système de points. Dans tous les cas, on espère te croiser dans le le flood amigo