appartement énorme, blanc et désespérément vide. aucune trace personnelle, pas même un cadre photo... pilar n'est pas chez elle, et pourtant c'est bien elle qui paye encore l'acte de propriété de ce luxueux appartement tous les mois. elle ne passe pas assez de chez ici pilar, toujours en vadrouille, toujours intéressée par ce qu'il se passe chez les autres et puis... sincèrement occupée à se réveiller dans des draps qui ne lui appartiennent pas. elle est en retard ce matin mais elle prend son temps malgré tout, on l'attendra, on l'attend toujours de toute façon... les gens sont habitués à force... ou elle les force à s'habituer... une notion qu'elle n'arrive pas tellement à comprendre elle-même, toujours passablement certaine d'avoir raison en faisant les choses comme elle en a envie. elle soupire, sourit devant les messages qu'elle a reçu pendant la nuit. elle a obtenu un contrat important avec les cruz. elle avance calmement, commandant un uber par la même occasion avant de s'arrêter au milieu de la rue pour attendre son chauffeur. elle répond à quelques commentaire sur ses réseaux puis lève enfin la tête sur le monde qui l'entoure. le ciel est bleu, il fait déjà chaud. quelques personnes s'activent de l'autre côté de la route. elle soupire en levant les yeux au ciel, elle n'imagine pas l'odeur lorsqu'ils arriveront au travail en âge. elle tourne la tête, son sang ne fais qu'un tour... isis qui s'approche d'elle, dans la plus grande innocence, elle ne l'a sans doute pas vu, ou fait semblant de ne pas la voir. pilar fait bien attention, elle recule d'un pas pour qu'elle puisse passer exactement devant elle et quand elle arrive à sa hauteur, elle n'hésite pas à étouffer un : salope. derrière une fausse toux qui ne fera croire à personne qu'elle ne l'a pas fait exprès. elle n'avait qu'à pas briser le petit coeur de son petit frère. cette fille capable de penser qu'elle valait mieux que joao... pilar n'en sait rien, elle n'a rien demandé, mais elle imagine aisément tout ce qu'elle veut !

tu souffles doucement, tu respires l'air frais de cette journée de travail qui se termine. tu marches déjà dans la rue pour rentrer chez toi. pour te poser un peu. t'as commencé tôt ce matin, dès l'ouverture, alors tu vas probablement rentrer faire une sieste, avant de faire la fête ce soir. salope. bien sûr que tu entends ce mot qui résonne. bien sûr que tu sais qui l'a balancé. tu l'avais reconnu depuis bien longtemps, tu l'avais vu au bout de la rue, elle n'avait pas beaucoup changé depuis l'époque pilar. tu pensais juste qu'elle ne se souviendrait plus de qui tu es toi. mais il faut croire qu'elle sait toujours, il faut croire que briser le coeur de son frère ce n'est pas quelque chose qui passe inaperçu. elle a peut-être aussi retenue que tu n'étais pas le genre de fille à ne rien dire. tu ne pouvais accepter qu'elle te traite de la sorte, tu ne pouvais pas passer à côté. parce que tu pouvais accepter le fait qu'il te déteste lui. mais tu ne pouvais pas accepter les insultes venant de sa soeur. très mature. t'as appris ça où ? tu dis d'un air sarcastique. tu sais rien de sa vie, tu ne t'intéressais pas vraiment à l'époque et c'est sûrement pas maintenant que tu vas le faire. je pense que joao est assez grand pour se défendre tout seul, mais c'est mignon les petits chiens de compagnie qui aboie comme ça pour un rien. t'es méchante isis. t'aimes pas ça. mais quand il s'agit de repousser joao et toute sa famille au passage, t'es plutôt douée. tu sais trouver tes mots pour faire le plus de ravages. et de ce que tu te rappelles, tu sais qu'elle partira sûrement au quart de tour. t'aurais pu calmer les choses. mais s'il doit continuer à te détester et faut que le reste de la famille te déteste aussi.

elle ne connait pas réellement l'histoire pilar. elle s'en fiche de connaître les détails de toute façon. elle est juste certaine que son frère irait beaucoup mieux aujourd'hui s'il n'avait pas eu l'occasion de la connaître... elle est prête à tout pour lui, même se battre avec cette blondasse pour qu'elle le laisse tranquille pour de bon s'il le faut... elle n'est pas subtile pilar... elle ne l'a jamais été, assumant parfaitement ses mots alors que la blonde se tourne vers elle. elle n'attendait que ça. c'est bien, jouons le jeu de pilar une seconde. ça se terminera sans doute un jour, lorsque pilar l'aura décidé. très mature. t'as appris ça où ? elle demande, comme si ça pouvait réellement l'atteindre. pilar sait exactement ce qu'elle vaut. ça lui semble être bien plus qu'isis n'en a jamais voulu... au contraire. cette petite pétasse capable de faire du mal à un nuñez. elle n'a pas encore compris de quel bois on se chauffe lorsqu'on porte ce nom et que l'on fait du mal à un autre des leurs. ils sont tous là, ensembles, depuis longtemps, élevés ensemble en famille recomposée. ça forge, ça unifie. c'est ce que pilar a toujours pensé d'elle et de ses frères en tout cas. je pense que joao est assez grand pour se défendre tout seul, mais c'est mignon les petits chiens de compagnie qui aboie comme ça pour un rien. elle fronce des sourcils pilar, elle n'aime pas beaucoup cet air suffisant qu'elle porte sur le visage. est-ce qu'elle se fiche réellement de ce qu'elle lui fait ? non parce que pilar elle, elle le voit. elle n'a beau ne penser qu'à elle, elle n'est pas stupide au point de fermer les yeux quand joao souffre. alors qu'elle fait un pas en avant, pour la menacer d'un regard. fais pas trop la maligne, joao est peut-être assez grand pour régler ses problèmes tout seul mais il a trop de coeur pour t'envoyer aller te faire foutre. elle lance, les dents serrées. son coeur le perdra, elle en est certaine pilar, alors à la place, elle préfère encore jouer les petites chiens de garde pour protéger son palpitant déjà passablement meurtrie par les griffes acérées de cette sorcière aux yeux clairs. moi, j'en ai rien à foutre que tu m'aimes pas, je préférerais même que tu le fasses, ça me donnera une raison de plus de détruire ton souvenir dans son esprit. un venin sans limite, pilar est une mente religieuse, celle qui protège sa famille coûte que coûte quitte à en bouffer ses congénères.

des paroles qui sortent de ta bouche. t'aurais pu continuer ta route, ne rien dire et juste passer ton chemin. ne pas lui apporter d'importance, ça aurait sûrement été plus intelligent. mais quand il s'agit de joao est de tout ce qui lui est relié, tu fais toujours les choix les plus stupides. alors tu ne peux pas te taire. même si les paroles qui sortent ne sont pas le reflet de ce que tu penses réellement. parce que pilar dans le fond tu n'as rien contre elle. tu trouves même honorables le fait de protéger son frère coute que coute. même si ces manières restent à revoir. parce que tu ne peux pas passer par dessus les insultes, même si pour elle ces insultes sont sûrement justifiée. tu sais que t'as fait du mal. mais ça en fera moins que si tu quittais tout simplement ce monde alors qu'il serait fou amoureux de toi. voilà ce que tu te disais. alors tu rentrais à nouveau dans ton rôle face à elle, celui de la garce. parce que si tu t'en prenais à sa soeur, ça lui donnerait encore plus de raisons de rester loin de toi. fais pas trop la maligne, joao est peut-être assez grand pour régler ses problèmes tout seul mais il a trop de coeur pour t'envoyer aller te faire foutre. qu'elle disait alors qu'elle s'avançait pour toi. elle cherchait probablement à te faire peur. mais il n'y avait plus grand chose pour t'effrayer. il n'y avait qu'une chose et tu ne voulais pas y penser. tu ne pouvais pas y penser.  alors tu continuais juste à la regarder, à lui tenir tête sans faiblir. même si c'était probablement ce qu'elle attendait de toi. moi, j'en ai rien à foutre que tu m'aimes pas, je préférerais même que tu le fasses, ça me donnera une raison de plus de détruire ton souvenir dans son esprit. elle continuait et ce qu'elle ne comprenait pas, c'est que c'était tout ce que t'attendais. elle était un pion au final pilar, un pion dont tu pouvais te servir à tes fins. fais toi plaisir. j'en ai plus rien à faire. ton coeur qui se serrait face à cet énorme mensonge. il n'est plus qu'un lointain souvenir pour moi de toute manière. tu rajoutais alors, tu t'espérais qu'elle irait lui répéter. mais peut-être pas, tu ne la connaissais pas vraiment. par contre je sais pas si tu cherches à me faire peur ou quoi en te mettant comme ça face à moi, mais ça ne marchera pas. tu ne me fais pas peur pilar. tu lui souffles alors pour finir. pour l'énerver peut-être un peu plus encore.