t'es encore de soirée, t'es bien trop souvent de soirée et t'aimes pas ça. parce que toi t'es une fille de la nuit, tu dors le jours et tu profites la nuit. mais quand tu travailles ici, ça raccourcit tout. un samedi soir ici c'est pas vraiment ce que t'avais prévu et des fois t'as l'impression que ton boss fait exprès. ou alors une des autres caissières le soudoie pour jamais travailler le samedi soir. t'as remarqué que ce soir tu n'étais pas seule, la nouvelle qui est assise juste en face de toi. et ça et fait sourire un peu plus, au moins t'es pas toute seule ce soir. tu peux parler un peu entre deux clients. alors tu laisses les articles défiler, des regards que tu lances à sofia, alors que tu penses déjà à ce que tu pourras faire après. et puis la soirée se calme, les clients se font plus rares et ça sonne bientôt la fin. enfin. hey espinosa, ça te dit de sortir un peu ce soir ? tu demandes avec un large sourire. parce que tu la connais pas vraiment, parce que t'as envie de découvrir qui elle pouvait être. elle parle pas beaucoup et toi tu parles peut-être de trop. mais ce soir c'est à son tour de se dévoiler. alors t'espères juste qu'elle va accepter et puis de toute manière elle n'a pas vraiment le choix. tu ne lui laisseras pas le choix, tu sais te montrer assez convaincante quand il s'agit de sortir. je connais un bar pas trop loin, il passe de la super musique. et pas besoin de préciser qu'il y a aussi de gars plutôt canons la plupart du temps. parce que tu sais pas encore si elle a quelqu'un. tu l'apprendras ce soir t'imagines.

Ton, boulot étrange n’a pas encore vraiment commencé. Alors tu prends ce qui passe. Un boulot de caissière pour payer de quoi vivre, pour ramener ta part du loyer. T’es pas du genre à faire la difficile. T’as plus le choix depuis des années, depuis que la vie à décider de rendre ton avenir merdique. T’aurais pu être tout autre mais quand on a pas de parents, on a moins de choix. Long soupir… t’as mal partout à force de sourire, à force d’être polie. À force de tout un tas de choses dans le fond… trop mais tu continues malgré tout… t’attends qu’une chose finir et filer sous la couette avec un pot de glace. Le meilleur des remontants…  « hey espinosa, ça te dit de sortir un peu ce soir ? »  ton regard qui se perd vers elle. vers isis, la seule autre pauvre malheureuse à travailler ce soir. Peu de clients mais beaucoup d’emmerdes… c’est le compte de toutes les personnes ici non ? « je sais pas… » que tu commences à dire. parce que t’es pas de celles qui font la fête toutes la nuit. T’as toujours l’impression de pas vraiment trouver ta place. T’as jamais été très proches des filles non plus… la faute à ton corps. Tu passes souvent pour la putain de service…. La fille facille. La pétasse… t’es jugée avant même de prononcer un mot alors maintenant, t’approches plus tellement…  « je connais un bar pas trop loin, il passe de la super musique. » elle est gentille, elle te donnerait presque envie de lui dire oui. de faire pour une fois un truc sans penser au reste mais c’est compliqué. T’as pas les finances pour te payer des bons cocktails… Et puis… « Je suis pas vraiment habillée pour sortir… »  Pas tes habits d’ici mais ceux dans ton casier, c’est trop simple pour sortir, un grand pull noir un peu informe et un jean… t’es loin de la tenue idéale….

tu la vois souvent sofia. tu ne lui parles pas beaucoup, elle n'est jamais très bavarde quand tu la vois. et ce soir t'as envie de changer ses habitudes. quoi de mieux que le faire autour d'un verre ou même plusieurs. ça rapproche, ça pousse les mots à sortir plus facilement. et t'es presque sûre que c'est ce dont elle a besoin, même si elle ne le sait pas. tu l'as observé la jeune femme, t'observes tout le monde, parce que tu vis dans un monde fascinant. et t'étais presque sûre de la réponse qu'elle allait te donner.  je sais pas… tu souris doucement alors que tes arguments étaient déjà près. alors tu continues pour essayer de la convaincre. tu ne comptes pas vraiment abandonner, ce n'est pas toi. et elle le saura bien assez vite quand elle se verra obligée de dire oui.   je suis pas vraiment habillée pour sortir… qu'elle te dit et tu souris un peu plus. parce qu'une fois de plus t'as la solution. j'ai une tenue pour toi si tu veux.  tu lui annonces. ton casier c'est comme une deuxième garde robe pour toi. t'as toujours de quoi faire, toujours prête à sortir après le travail. parce que ça t'arrive bien trop souvent de partir directement d'ici pour aller à une soirée. et pas besoin de dire non, ça me fait plaisir. tu lui coupes l'herbe sous le pied, laissant tout ses prétextes s'envoler. t'essayes de penser avant même qu'elle ne puisse répondre. on a jamais eu l'occasion de parler toutes les deux. ça sera cool. et puis si t'aimes pas tu peux repartir quand tu veux. ton sourire qui s'élargie encore un peu plus. t'espères qu'elle sera convaincue. un client qui passe et dont elle s'occupe, toi t'attends sa réponse. alors t'attends juste qu'elle finisse, une petite moue sur ton visage.  

C’est compliqué, bien trop compliqué dans un sens… parce que tu ne sors pas. parce que tu n’as plus du tout envie de sortir depuis longtemps, depuis que t’as remarqué que les hommes te regardaient pas comme il faut. que tu devenais un objet alors t’as arrêté d’aller te trémousser. D’aller t’amuser de la sorte, t’en trouvais plus de l’amusement d’abord. Alors oui, tu souris mais tu n’as pas tellement envie d’accepter. Tu as l’impression que ça finira mal ça le fait toujours avec toi. c’est devenue comme une habitude contre laquelle tu ne peux rien faire. t’as abandonné dans un sens, t’as accepté ton sort…  c’est pas bon mais c’est ce que tu fais pourtant… « j'ai une tenue pour toi si tu veux.  »   tu t’attends pas à cela… t’as pas pensé à une telle proposition… tu deviens rouge sans trop savoir quoi dire… t’as pas envie de déranger, vraiment pas. et puis elle est plus menue que toi, tu risques d’avoir l’air un peu trop sexy et ça c’est ce que tu cherches à tout prix à éviter… «  je veux pas déranger. »  que tu souffles… c’est la vérité même si ce n’est pas non plus la seule raison pour toi, que ça en est même loin. Sauf que tu le sens, elle ne se laissera pas avoir. Elle ne veut pas d’un non et tu ne peux rien faire contre cela…. « et pas besoin de dire non, ça me fait plaisir. » et tu ne le comprends encore que mieux… elle a décidé que tu iras et rien ne pourra la faire changer d’avis… « on a jamais eu l'occasion de parler toutes les deux. ça sera cool. et puis si t'aimes pas tu peux repartir quand tu veux. »   tu soupires, elle a gagné. Tu ne peux plus  lui dire non, pas maintenant en tout cas…tu la regardes, elle a ce sourire satisfait. Elle est contente et toi, tu ne sais pas trop. « d’accord. »  que tu viens dire. il ne reste plus qu’à terminer vos services… et commencer cette soirée dont tu ne sais quoi penser…

tu n'hésites pas à utiliser tout tes arguments. parce que qu'est ce qui pourrait se passer, à part le fait que vous vous amusiez ce soir.  je veux pas déranger. t'avais déjà envisagé cette possibilité. cette réponse qui ne te surprenais pas venant d'elle. même si tu ne la connaissait pas. ça se lisait sur son visage, cette gentilesse. cette envie de faire les choses bien sans embêter les gens. mais ça t'embêterait qu'elle ne vienne pas. parce que t'as vraiment envie de la découvrir. parce qu'elle a l'air d'être une belle personne sofia. parce que c'est la première personne qui travaille ici, qui te plaît réellement. elle n'est pas comme les autres. elle n'est pas cette fille qui a la pause crachera sur les autres. parce que t'en entends des choses à chaque fois que tu vas en pause et t'as du mal à croire que les gens puissent être si hypocrite entre eux. tu sais que camille de la caisse dix a eu la chlamydia dernièrement, le mauvais gars, au mauvais moment et la fille c'est retrouvé avec une belle infection. mais le pire dans tout ça c'est que l'information ne venait même d'elle. d'autres filles s'amusaient juste à faire circuler l'information. sofia tu voyais qu'elle n'était pas comme ça. et quand elle te répondait enfin positivement, t'étais heureuse. d’accord. tu avais réussit. tu savais que t'étais plutôt douée pour convaincre les gens ou alors peut-être que tu ne leur laissais pas vraiment le choix.   génial. tu répondais alors avec le sourire aux lèvres. mais tu ne pouvais t'empêcher de voir que ça ne l'enchantait pas vraiment sofia. alors tu l'observais un petit peu encore, le temps que vos services se finissent. le temps que les derniers clients passent. et puis l'heure était venue, vous finissiez enfin. t'avais toujours ton sourire aux lèvres alors que tu t'approchais d'elle.   je veux pas te forcer, je vois que ça t'enchante pas. tu dis alors doucement. t'as peut-être trop forcé les choses. tu sais pas trop, t'as cette habitude d'essayer de pousser les gens à profiter de la vie. parce qu'il le faut, parce que la vie mérite d'être vécu et certain ne s'en rendent pas bien compte.   si tu veux faire autre chose qu'aller dans un bar on peut. ou si tu veux vraiment pas sortir dis le moi. tu ne comprendrais pas vraiment, mais après tout tant de choses se cachent derrière une personne, alors peut-être qu'elle a des raisons sofia. des raisons qui la poussent à ne pas vouloir sortir.