tu lui parles de l'accident et c'est épuisant, un peu trop. des derniers mots qui clos presque une discussion. tu regardes ton verre, presque vide, tu ne sais pas quoi en faire. tu souffles un peu ton regard qui n'arrive pas à retrouver celui d'isis. c'est compliqué. il est chanceux d'avoir un papa si courageux.   elle t'assure, doucement. tu souris, un peu. pas trop. c'est une façon de voir les choses, mais toi, tu ne les vois pas de la sorte. pour toi, c'est surtout un gamin qui n'a pas beaucoup de chance, ce gamin qui a perdu sa maman et qui ne s'en souviendra jamais. c'est ainsi, c'est triste. tu ne pourras rien faire contre ça, jamais si ce n'est lui parler d'elle encore et encore, pour qu'il ait un semblant de souvenir. je reprends un verre si ça te dérange pas ?  elle rajoute, au bout d'un instant. tu hoches la tête, ta main qui se lève. tu finis ton propre verre et tu redemandes. t'as pas franchement envie de rentrer chez toi. tu ne te sens pas de retrouver matteo, là. il est sûrement bien mieux avec la baby-sitter et son sourire. ça doit être bien plus agréable d'être avec une personne du genre, plutôt qu'avec toi qui ne sait même plus sourire correctement. un souffle qui s'échappe, les verres qui arrivent. je n'ai plus envie de rentrer chez moi. tu lui souffles, au bout d'un instant. tu en as sûrement suffisamment dit pour al soirée; tu t'es confié et tu veux juste oublier, maintenant, alors tu bois une nouvelle gorgée en lui avouant que finalement, tu ne veux plus du tout rentrer chez toi. tu veux juste un peu de temps. de toute façon, tu ne dors plus la nuit, alejo, t'as du mal depuis trois ans. des souvenirs atroces, d'une femme morte entre tes doigts. ta femme. ta bianca et ça, ça sera toujours là, devant tes yeux.

des mots, des mots qui ne valent sûrement pas grand chose face à tout ça. tu sais que ce que tu dis, ne pourras pas réellement l'aider ce soir. des souvenirs qui lui reviennent, des souvenirs qui le rongent toujours après tout ce temps. et toi ça te terrorise. parce que tu ne sais pas quoi faire pour l'aider. tu ne peux que lui offrir ta présence ce soir. et après tout ça, tu t'es aussi mis à penser à ta vie, à joao... et t'as sûrement besoin d'un peu plus de verres. de l'alcool qui inhibera ces pensées qui te font mal. je n'ai plus envie de rentrer chez moi. tu le regardes, avec un mince sourire.   alors on reste ici. voilà tout ce que t'as à lui proposer à alejo. t'aimerais faire plus pourtant, t'aimerais qu'il puisse sourire comme au début de cette soirée. mais tout ce que tu peux lui offrir pour le moment c'est le silence. vos verres qui arrivent, tu le regardes et tu bois, encore. tu sais que l'alcool commence à monter, tu le sens. t'en as besoin ce soir. il en a besoin aussi. tu ne sais pas combien de temps passent. tu sais que t'as eu le temps de commander encore un nouveau verre. tu sais que tes mots deviennent plus facile quand l'alcool arrive à son apogée. alors tu te tournes doucement vers alejo. vous parliez de moi des fois avec aaron ? tu demandes. tu te demandes s'il sait, si aaron lui a dit que t'étais malade. parce que ton frère t'as beau avoir passé ton enfance avec lui, tu ne sais toujours pas comment il pense. tu ne sais toujours pas réellement ce qu'il pense de ta maladie. vous n'étiez pas vraiment démonstratif. t'aurais aimé savoir, tu veux toujours savoir aujourd'hui. les années ont passé et tu te questionnes toujours. mais ce soir t'as juste envie de parler. les mots d'alejo qui t'ont inspiré ou alors c'est l'alcool ? tu ne sais plus vraiment.