☽ ~ sous les tropiques, ou presque
I - Croire en Allah, sa mère lui a dit. Foutaise. Grosse blague. Elle n’est pas croyante, Yuna alors encore moins pratiquante et ça choque. Les gens sont surpris lorsqu’elle dit se considérer comme athée. Une musulmane qui refuse toute appartenance à sa religion (ou à une autre), ça surprend tant que ça ? De toute façon, Yuna, elle ne croit que ce qu’elle voit. Alors, ouais, elle mange matin, midi et soir pendant le mois du ramadan, plus même si elle le veut et tant pis si ça fait d’elle une mauvaise personne. Qu’ils la jugent. Les gens le font toujours. M – Chez les Imzilen, les parents ont vu les choses en grand. Enfin, le père il n’a pas vu grand-chose, il a plutôt brillé par son absence. C’est surtout la mère qui les a élevés. Hélas, ils ont eu la malchance de faire bien plus de filles que de garçons. Dans un pays où l’égalité entre les sexes est loin d’être d’actualité, ce n’est pas franchement le top. Yuna, d’ailleurs, elle a longtemps souhaité devenir un garçon parce qu’apparemment posséder le chromosome Y, c’est un luxe. En tout cas, là-bas, ça l’était. Souvent, elle piquait les habits de son frère Bazlhan seulement un an plus âgé qu’elle. Un jour, elle est même sortie dans la rue comme ça. Son père qui ce jour-là avait décidé d’agir comme tel, l’a tellement dissuadé à coup de paroles et de claques qu’elle n’a jamais recommencé. Il faut croire que même s’amuser avec les vêtements de son frère, elle n’en avait pas le droit. Parce que tout est une question de droits. Des droits qu’elle n’avait pas. Z - Clairement, Yuna n’est pas née dans le bon pays. Oh, pourtant elle l’aime ou plutôt, elle aime sa ville. Rectification, elle l’aimait. A présent, elle la regrette plus qu’autre chose. Alep a beau se reconstruire peu à peu, jamais elle ne redeviendra sa ville de cœur. Yuna, elle essaye d’en garder que les bons souvenirs. Elle est comme ça la gamine, positive, cherchant le minuscule bon côté là où la majorité ne voit que le négatif. Pourtant, elle aurait toutes les raisons de maudir son ancienne ville, son ancienne vie. Là-bas, chaque pincée de bonheur était terrassée par une grosse dose de malheur. Elle a dû attendre d’arriver en Espagne pour passer son bac. Le simple droit à l’éducation n’est pas donné à tout le monde. Heureusement qu’elle est intelligente la brunette, qu’elle penchait sur les cours de ses frères comme si ils étaient les siens. Ainsi, elle a pu obtenir un réel diplôme en arrivant à Séville. Un seul. C’est tout. Regrets, elle ne nourrit pas car bon travail, elle a dégoté. Elle n’en est pas peu fière Yuna. Pratiquer un travail qui l'intéresse vraiment, un rêve arraché à bon nombre de filles comme elles. Malchanceuses. Nées sous la mauvaise nationalité. I - Et elle pianote la demoiselle. Ses doigts tapotent l'écran de son smartphone à une vitesse hallucinante. Il en va de même devant un écran d’ordinateur. Les mots s’écrivent, les phrases s’ensuivent. Courtes le plus souvent. Simples et efficaces. Une image pour accompagner tout ça, tape à l’oeil parce qu’il faut attirer l’attention pour être suivie, écoutée, entendue. Yuna ne parle pas pour elle mais pour toute une entreprise. Un magasin féminin renommé qui lui a laissé sa chance, elle l’étrangère à peine diplômée. C'était il y a à peine un an. Aujourd’hui, elle se voit obtenir une promotion : devenir la responsable du département des réseaux sociaux. Une aubaine mais rien n’est si parfait dans la vie et ça, Yuna le sait bien. Optimiste oui mais pas naïve. Visa il lui faudra pour garder son travail. Visa qu’elle a déjà demandé une première fois sans succès. L - Une étrangère, c’est encore ainsi qu’elle est considérée sur le sol espagnol. Quelqu’un qui n’a rien à « foutre ici ». Des « rentre chez toi », elle en a entendu à la pelle. Pas grave. Le racisme, elle connaît. Ça fait partie du lot. Certains sont juste trop cons pour évoluer, vivre avec leur temps. Ça, elle peut gérer. Par contre, la menace permanente d'être renvoyée en Syrie, ça elle ne gère pas. Non, non. Elle ne peut pas y retourner, Yuna. Toute sa vie est à Séville à présent, les gens qu’elle aime par dessus tout sont là. Sa famille. Son travail qui lui donne une vraie raison de se lever le matin, les amis qu’elle a réussi à se faire. La liberté. Belle liberté. Tout y est. Alep était son enfer, Séville est devenu son paradis. Alors, elle persiste Yuna. Deuxième demande de visa formulée. Cette fois-ci, elle a un vrai travail, un revenu qui lui permet largement de subvenir à ses besoins. Jamais, ô grand jamais, elle ne redescendra au rang de boulet de la société. Ceux pour qui les autres payent. Jamais. Alors, ils vont accepter, hein ? Le non n’est pas envisageable. La Syrie n’est pas envisageable. Elle n’y retournera pas, Yuna. Ça serait la mort. E - Pourtant, peut-être qu’elle le retrouverait là-bas, celui qu’elle a aimé. Le seul. Elle a beau jouer Yuna, flirter, papillonner, il n’y en a qu’un qu’elle a aimé. Un seul. Alors, elle a cédé. De toute façon, ce n’est pas comme si elle était croyante. Elle l’a été à une époque. Le ramadan, par exemple, elle a connu mais qui garderait la foi avec un tel passé ? Pas elle. Et encore une fois, tant pis si elle est jugée. Par contre, devenir athée ne l’a pas empêché de garder un minimum de respect pour elle, pour son corps. Elle est peut-être vieux jeu, Yuna. Peut-être trop exigeante aussi mais rares sont ceux qui l’ont touché. Au sens propre comme au figuré. Ce n’est pas flagrant à première vue mais elle est méfiante la brunette. Derrière ses sourires, ses éclats de rire, ses blagues débiles, ses danses improvisées au beau milieu de la rue, se cache une jeune femme toujours perturbée par le traumatisme du passé. N - En plus de l'école, des habits pour homme, de la liberté sexuelle, une fille est privée de tellement de choses en Syrie. Alors lorsque Yuna est arrivée à Séville, ça a été comme une deuxième naissance. Enfin, elle a pu vraiment être elle-même, vivre sans retenue, sans crainte. Une opinion, elle a le droit d’avoir une opinion et même d’en parler. Elle a le droit. Le droit, le droit, le droit. Et Yuna, elle profite de chaque droit qu’elle a. Elle profite de tout. De la vie. C’est quoi l’expression déjà ? Croquer la vie à pleine dents ? C’est Yuna, ça.

☽ ~ toutes mes félicitations
La rapidité c'est notre marque de fabrique non sérieusement, cette histoire déchirante je veux qu'elle retrouve le mec qu'elle a aimé et puis qu'elle croque la vie à pleines dents ouais, qu'elle profite enfin

Maintenant, on te laisse découvrir le reste en passant par la gestion de ta fiche de liens, la création de ton téléphone si tu veux pouvoir être joignable ( et recevoir des prédictions de señora irma !) ainsi que le recensement de ton métier ! Puis pourquoi pas un petit tour - ou retour - vers l'annexe de Séville. T'es plutôt du genre ambitieux ? Dans ce cas, va donc jeter un oeil au système de points. Dans tous les cas, on espère te croiser dans le le flood amigo