il est tard, un service long, suivi d'un verre, puis d'un autre. il manque peu de chose pour qu'il s'écroule complètement n'importe où. il pousse la porte de l'appartement où l'ont vient de le ramener tant bien que mal. les gens sont sympas dans séville. un gars l'a pris en route pour le ramener jusqu'en bas de son petit immeuble. il soupire, et se traîne passablement jusqu'à sa chambre où il s'écroule dans son lit. pas un vêtement en moins, seulement une envie incompréhensible de gerber tout ce qu'il a jamais ingurgité. il se lève rapidement, trop rapidement. la tête lui tourne, ça n'arrange pas les choses. il a juste le temps d'arriver aux toilettes qu'il se vide dans un bruit sans grande discrétion. les toilettes qui collent la chambre d'ana et dont les bruits pourraient la réveiller à tout moment. comment expliquer ça hein ? il s'est mis dans cet état parce qu'il ne supporte plus de vivre avec elle en retenant tout ce qu'il ressent. là, tout de suite, il serait capable de lui dire qu'il l'aime dans toutes les langues tant ça lui fait du mal. il se redresse. mais ça ressemble à la pire idée qu'il n'ait jamais eu. une fois encore, la tête dans les toilettes, il se lance dans un spectacle digne des pires tragédies grecques. et l'alcool qui s'échappe dans un sens qu'il n'avait pas prévu. il y a les larmes aussi, qui se mêle au mal être qu'il ressent physiquement et moralement. il l'a réveillé, c'est certain. et il va falloir qu'il assume désormais. ou que son lui bourré dise assez de connerie pour qu'elle n'y croit rien pour qu'il puisse se réveiller demain avec la certitude de pouvoir tout mettre sur le dos de la vodka et du whisky. il est stupide pablo... il a oublié que rentrer comme ça ne pourrait que lui porter préjudice... il aurait pu simplement se laisser inviter chez un collègue en faisant semblant d'avoir passer la nuit en charmante compagnie pour tenter de voir si ça pourrait la rendre jalouse, pour une fois. trop tard pablo... elle l'a lui maintenant, quand lui il avait encore bianca pour étancher son célibat.

tu dormais paisiblement dans ton lit. une nuit qui s'annonçait calme à la base. pablo n'était pas là. tu ne savais pas du tout où il était, mais tu ne t'en inquiétais pas. il était de toute façon bien assez grand pour se débrouiller sans toi, n'est-ce pas ? les yeux fermés, tu passais une nuit sans rêve. confortablement installée sous le duvet, l'aire frais qui rentrait par la fenêtre de ta chambre et te caressait doucement le visage. t'étais vraiment bien. jusqu'à ce que tu te réveilles en sursaut. un bruit qui venait de te réveiller. tu ne savais pas du tout d'où il venait. tu te redresses dans ton lit et tu attends quelques instants. le coeur qui bat fort, tu crois d'abord à des cambrioleurs ou quelque chose comme ça. mais le bruit revient une nouvelle fois. il ne te faut pas plus longtemps pour comprendre qu'il provient des toilettes. tu sors rapidement de ton lit. vêtue d'un simple t-shirt avec un petit mickey dessus et d'un mini short. ta petite tenue pour dormir. tu pousses la porte de ta chambre et t'approches doucement des toilettes. un nouveau bruit qui retentit. ça te donnerait presque des hauts le coeur. t'as pas besoin d'ouvrir la porte pour savoir que pablo n'est pas bien. pas bien du tout. tu restes devant celle-ci et tu frappes trois petits coups. tu n'oses pas ouvrir. t'imagines bien qu'il se trouve dans une situation inconfortable. pablo, tout va bien ? tu demandes assez fort à travers la porte. attendant de voir ce que sera le verdict. il est tard et tu devines qu'il a dû sortir faire la fête. t'es aussi une grande fêtarde, mais t'as toujours su t'arrêter avant de te mettre dans un état pareil. tu supposes que pablo a encore de la peine à se remettre de ses fiançailles qui n'ont pu aboutir ? quoi que.. il a quand même eu quelques temps pour oublier, non ?

il n'a pas l'habitude de boire autant pablo. raisonnable, toujours. déraisonnable, occasionnellement. aujourd'hui est à marquer sur une pierre, probablement, jamais malade à ce point. il a l'impression d'être sur le point de mourir, vomissant ses tripes petit à petit. il n'arrive pas à croire qu'il soit capable de se rendre malade pour ça... il a réussi à le supporter jusque là... c'est de sa faute à lui... tomber amoureux de sa meilleure amie, quelle idée stupide ! une nouvelle vague le prend dans les entrailles, il souffre, ça lui fait mal... parce qu'il n'a plus rien dans le ventre pour accompagner ses hauts le coeur. il en pleure, des larmes s'activant toutes seules sans qu'il n'ait rien pu retenir. il n'y arrive plus de toute façon, dénué de toutes les forces qu'il aurait pu avoir cette nuit. il entend des coups frappés à la porte. merde... il ne l'a pas entendu arriver jusque là.. il l'a sans doute réveillé. il s'en veut, et il espère que le savant chanceux qui partage sa vie n'est pas là pour le voir... pablo, tout va bien ? elle demande, le connaissant probablement mieux que personne. elle sait ana, elle sait qu'il n'est pas le genre à se rendre malade en avalant trop d'alcool, il sait aussi qu'il devrait la laisser tranquille, partir sans doute aussi. faire quelque chose pour guérir correctement. il n'aimait pas vraiment bianca hein ? ça ne lui faisait pas si mal avec elle.. alors pourquoi ? il ferme les yeux en grognant, incapable de faire mieux sans doute. il inspire, pas certain que ce soit une bonne idée... ça semble il faire du bien étrangement. ça va. il ment. ça ne va pas. elle n'est pas née de la dernière pluie. il aurait bien besoin d'un verre d'eau, de l'aide pour se lever, un soutien non négligeable contre la douleur de l'aimer sans être capable de la toucher. elle n'est pas capable de ça ana, c'est elle qui est responsable de tout, malgré elle. il se hisse sur la cuvette et tire la chasse. il a peur qu'elle entre, pour trouver les vestiges de sa soirée trop arrosée. je... j'ai besoin d'un cachet et d'un verre d'eau. il lance, quelque chose pour l'empêcher de vomir son estomac et l'aider à détendre la chaleur qui l'entoure et lui donne l'impression de vivre dans un four depuis qu'il a passé le pas de la porte.

pablo n'était pas bien du tout. et tu ne te souvenais pas l'avoir vu dans un état pareil depuis que tu le connais. t'es surprise et inquiète à la fois. tu ne peux pas t'empêcher de l'être. tu t'empresses d'aller frapper à la porte de la salle de bains pour lui demander comment il va. mal ça te semble être une évidence. mais tu ne savais pas vraiment comment t'y prendre autrement. et tu n'avais pas souhaité ouvrir directement la porte. tu préférais lui laisser une certaine part d'intimité. tu étais persuadée qu'il t'en serait reconnaissant dans ce genre de circonstances. tu attends quelques instants. la réponse semble se faire un peu longue. t'as presque posé la main sur la porte lorsque tu l'entends te répondre, ça va. tu soupires. tu sais que ça ne va pas. tu sais qu'il essaye de faire bonne figure. sans doute ne veut-il pas te déranger. mais à présent que tu es réveillée, tu ne comptes pas bouger de là avant d'avoir pu t'occuper de lui. t'es persuadée qu'il a trop bu. mais tu ne veux pas sauter sur des conclusions trop hâtives. peut-être n'a-t-il pas supporté ce qu'il a mangé. mais dans le ton de sa voix, tu as plutôt reconnu là la voix d'un homme ivre. je... j'ai besoin d'un cachet et d'un verre d'eau. t'as la confirmation. il a trop bu, au vu de ce qu'il te demande. d'accord, je vais te chercher ça. tu lances à travers la porte. filant dans la cuisine pour lui servir un verre d'eau et attrapant dans une armoire un cachet. tu reviens ensuite vers la porte. je.. je peux entrer ? tu demandes. pour t'assurer que c'est bon, qu'il est plus ou moins présentable. tu attends la confirmation avant d'appuyer sur la poignée. tu découvres enfin son visage. tu le vois plutôt pâle et transpirant. les yeux légèrement clos. il est totalement ivre. tu tâches de sourire de ton côté tout en lui tendant son verre d'eau et le cachet. voilà, ça te fera le plus grand bien. tu lances d'une voix rassurante. tu t'approches doucement de lui. ton regard dans le sien. tu as trop fait la fête ? tu demandes avec un petit rire.

pablo est mal, il sent qu'un rien pourrait le rediriger vers les toilettes en une seule seconde. il tient bon depuis des semaines mais... c'était sans doute trop ce soir. il est perdu entre sa raison, son bon sens et toutes les belles émotions qu'il ressent au creux de sa poitrine. alejo a beau dire qu'il ne se mettra pas entre eux... ana n'a sans doute pas envie de lui de cette manière... et s'il se lançait et que ça finissait exactement comme il le pense ? pablo n'est pas prêt pour ça... il a toujours préféré la garder comme amie plutôt que de subir l'absence d'elle à cause de son amour trop grand et trop fort. d'accord, je vais te chercher ça. il inspire longuement en l'attendant. il n'est pas certain d'avoir envie qu'elle le voit dans cet état. il a l'impression que tout se voit comme le nez au milieu de la figure, comme alejo l'a si bien vu sans trop forcer... comment ne peut-elle pas voir hein ? je.. je peux entrer ? il grogne une seconde pour lui dire qu'elle peut entrer, même s'il souffre, le ventre tiraillé par l'alcool qu'il a ingurgité. il a chaud, et froid... il est pas bien, il transpire même sans doute, et puis... il vient de vomir, il n'est définitivement pas dans le meilleur de lui-même... voilà, ça te fera le plus grand bien. il tend les bras pour tirer ce qu'elle vient de lui apporter, avalant tout de suite son cachet pour qu'il puisse faire effet le plus rapidement possible. tu as trop fait la fête ? il ferme les yeux en souriant, un peu trop faire la fête... si ça peut lui faire plaisir. il n'y a aucun bonheur dans ce qu'il vient de faire, et il n'en retire aucune satisfaction. on va dire ça. il souffle, pas capable de mentir aujourd'hui, il n'a pas les capacités mentales pour le faire... et puis... il se dit qu'il serait peut-être un temps d'arrêter de mentir, peut-être que s'il était lui-même avec elle, tout finirait par être un peu plus simple pour lui et plus sincère aussi. il a mal pablo et il aimerait bien qu'elle s'en rende compte enfin, plutôt que de rester aveugle à tout ça... il tapote le sol à côté de lui pour qu'elle vienne le rejoindre, il a besoin d'elle pablo... il a toujours besoin d'elle parce qu'elle est nécessaire et que si elle disparaît, il finira probablement par en mourir...

tu reviens au plus vite vers la porte de la salle de bains avec le cachet et le verre d'eau qu'il venait de te demander. pablo était vraiment mal en point et bien qu'au début tu as d'abord pensé au fait qu'il avait attrapé un virus, quand ton regard s'est posé sur le sien tu as eu la confirmation que ce n'était rien de tout ça. ton ami avait bel et bien trop bu. beaucoup trop. au point de se rendre malade. ne savait-il donc pas où était ses limites à ce niveau-là ? mais bon, tu savais bien que ça pouvait arriver parfois de les dépasser. ton regard se pose sur celui de pablo et tu souris doucement. il n'est clairement pas beau à voir, mais tu ne le lui diras pas. il est déjà bien assez mal comme ça sans que tu en rajoutes encore une couche. il attrape tout ce que t'as apporté avant de répondre à ta question. on va dire ça. tu fronces les sourcils. ne comprenant pas vraiment sa réponse. ton regard dans le sien, tu sembles chercher une réponse alors qu'il tapote à côté de lui pour que tu le rejoignes. tu t'exécutes sans la moindre hésitation. prenant place tout contre lui, ton regard qui se tourne vers le sien. sourire en coin. qu'est-ce qu'il t'arrive pablo ? t'as pas l'air en forme ces temps. tu l'as bien remarqué ça. pablo était parfois étrange avec toi, mais tu n'avais jusqu'à présent rien osé dire. supposant qu'il traversait une mauvaise passe et espérant que ça passe rapidement. aujourd'hui, quand tu le vois dans cet état-là, tu ne peux que poser la question pour une fois. chercher à comprendre ce qu'il peut bien lui arriver. ce qui peut bien le pousser à se mettre dans des états pareils. bien loin de te douter que tout ça, c'est à cause de toi.

pablo n'est pas bien, il n'essaye même pas de faire semblant, à quoi bon hein ? de toute façon, il ne se souviendra pas de tout ce malaise demain, lorsqu'il se réveillera avec un mal de crâne digne des moins habitués à l'alcool.. tant pis pour lui.. il aura troqué quelques heures de bien être et quelques souvenirs pour un oubli même pas tellement satisfaisant. parce qu'elle est là ana, elle est toujours là, sans son coeur, devant lui, sans sa tête. elle s'installe quand il lui demande, et il apprécie, il pose déjà sa tête sur son épaule pour pouvoir la reposer, trop lourde. est-ce qu'elle réalisera finalement que c'est pour elle tout ça ? il n'y a rien de rationnel, rien de compréhensible. il l'aime c'est tout... et l'amour n'a jamais été rationnel quand il le ressentait.. il inspire longuement avant de se rendre compte que ça lui donne des hauts le coeur, il porte la main sur sa bouche, retenant la vague du mieux qu'il le peut. qu'est-ce qu'il t'arrive pablo ? t'as pas l'air en forme ces temps. elle semble avoir compris certaines choses, sans mettre le doigt sur ce qui importe le plus, il secoue la tête en rigolant un peu pablo. sans doute qu'il ne devrait pas mais... il oubliera hein ? putain, il l'espère parce qu'il tourne la tête pour la regarder dans les yeux. elle est belle ana, même quand il vient de la réveiller au milieu de la nuit. qu'est-ce qu'il aimerait se glisser contre elle dans ses draps et la serrer contre lui pendant des heures. c'est toi ana. il souffle, pris d'une folie sincère et délicate. il a les larmes qui montent dans les yeux, l'émotion à son comble et puis... toutes les choses qu'il tente de retenir depuis des jours. il s'en fiche maintenant. il s'en fiche parce qu'il est bourré et qu'elle pensera sûrement qu'il ne sait pas ce qu'il dit. je t'aime. il ajoute, comme un cheveu sur la soupe. c'est seulement à ce moment là qu'il baisse les armes et que rien ne va plus, la tête dans les toilettes encore une fois, il n'a plus rien dans l'estomac mais il souffre. il manque de sommeil, il a besoin de s'éloigner, de dormir, d'oublier.