il y avait de l’eau partout. absolument partout. tu avais beau éponger, et éponger encore, la tuyauterie cassée finit par avoir raison de toi. tu renonças à l’idée de te battre contre cette fuite toute seule. tu avais beau être certaine de ne pas avoir besoin d’aide, il arrivait un moment où il fallait que tu te fasses une raison et que tu abandonnes. ton téléphone à la main, tu appelas un plombier. tu aurais appelé n’importe qui du moment que ton appartement ne ressembles plus à une piscine. le destin semblait être bien farceur aujourd’hui puisque le spécialiste ne pourrait passer que dans quelques jours. mais toi, tu ne te voyais pas vivre au milieu de l’atlantide jusque-là, alors tu mis quelques affaires dans un sac avant de quitter ton chez toi pour trouver un endroit plus sec. la solution s’imposa à toi sur la route. il te fallait un endroit calme, où tu ne serais pas étouffée. un endroit où tu passais déjà la plupart de ton temps quand tu n’étais pas occupée à vadrouiller dans la ville à la recherche d’une nouvelle aventure. tu passas donc acheter quelques bières, et une pizza aussi. avec ça, il ne pourrait jamais te dire non. tu savais que même sans il ne te mettrait pas dehors. il te fallut quelques minutes et plusieurs dollars pour le chauffeur de taxi avant d’arriver devant l’immeuble de yago. tu venais ici aussi souvent que tu pouvais, incapable de te passer de ce gars avec qui tu n’aurais pourtant jamais dû être amie en premier lieu. il vendait des drogues qui pouvaient te faire mourir bien plus vite. des drogues qu’il t’avait pourtant refusées. il n’était peut-être pas un très bon dealer, mais au moins, il était un bon ami. c’est tout ce qui t’importait. après avoir frappé quelques coups brutaux à sa porte, tu attendis sagement derrière, ton sac et tes courses dans les mains. chargées comme un âne. celle-ci ne tarda pas à s’ouvrir sur celui que tu cherchais. je peux venir squatter quelques jours ? tu lâchas avec un immense sourire sans attendre, ni même le saluer d’abord. je t’ai acheté quelques douceurs pour ta gentillesse. tu lui fourras tout dans les bras avant de poser un rapide baiser sur sa joue. une fois la porte fermée, tu te débarrassas du reste. tu fis comme chez toi. en fait, t’étais partout chez toi, et personne ne t’en voulait pour ça.

à moitié endormi sur le canapé, t'es plongé dans des demi-rêves dont tu te souviendras probablement jamais. tu planes un peu à cause de la fatigue, mais surtout à cause d'un joint récemment consommé. tes colocataires ne sont pas là, à ta connaissance. t'es seul avec tes pensées. t'as terminé ton boulot pour aujourd'hui, t'es libre. ce qui est d'ailleurs assez rare. tu te laisses submerger par de douces couleurs reposantes et finit par te laisser aller et t'endormir comme un gosse. le silence résonne dans ta tête, pourtant tu t'en plaindras pas. il fait du bruit, ce silence. il a presque un rythme effréné, brutal. anormal. cette pensée te réveille en sursaut. tu finis par te rendre compte que ce qui résonne si fort dans ta tête, ce sont des grands coups frappés sur la porte. t'espère que celle-ci ne va pas s'effondrer. ça ne t'étonnerait pas, vu l'état général de l'appartement. d'un pas disgracieux, tu te déplaces jusqu'à ladite porte et l'ouvres, tes yeux encore à demi clos et tes cheveux en bataille.

lorsque tu vois une chevelure folle qui entre chez toi en coup de vent, tu hausses les épaules. "content de te voir, luna" tu lances d'une voix rauque endormie, un sourire moqueur étalé sur ton visage. tu jettes un regard affamé sur les bières et la pizza et répliques dans la foulée "fais comme chez toi, pas besoin de te faire visiter". t'es content de revoir luna, tu la respectes cette fille. c'est sûrement la seule à qui t'as déjà du refuser de vendre ta drogue. t'as pas envie de la voir faner, la demoiselle. tu sais bien que la drogue l'attire parce qu'elle voudrait accélérer les choses, parfois. mais tu t'es pas encore lassé de son grand sourire et de sa manière de s'incruster chez toi. avec ton caractère, tu fais pas confiance à beaucoup de gens. la liste est courte, mais luna en fait partie. "quoi d'neuf par chez toi?" tu sais bien que luna élit domicile à peu près partout, ça t'as toujours amusé. t'attrapes une part de pizza et une bière en passant à côté de la blonde et tu retournes t'affaler sur le vieux canapé, laissant une place à la squatteuse en chef.

ça ne te dérangeait pas toi de rendre visite aux gens sur un coup de tête. ni même d’abuser de leur hospitalité pendant quelques jours sans les prévenir. tu n’avais pas le temps d’être gênée. pas le temps de te demander si ça les embêtait. après tout, ils ne te verraient bientôt plus alors ils pouvaient bien profiter de toi maintenant. dans quelques années, ils seraient tranquilles. peut-être même que certains d’entre eux te regretteraient. tu l’espérais un peu dans le fond. yago, lui, te regretterait. t’en étais certaine. même si tu pouvais être emmerdante au possible, il tenait à toi aussi fort que tu tenais à lui. c’était pour ça que t’étais chez lui et pas chez quelqu’un d’autre. content de te voir, luna. fais comme chez toi, pas besoin de te faire visiter. tu rigolas un peu en laissant tes affaires dans un coin. je comprends pourquoi t’as pas de meuf si tu leur parles comme ça. tu lui lanças un regard amusé, fière de ta réplique. t’étais bien contente que yago ait personne, parce que si c’était le cas, tu ne pourrais débarquer à l’improviste. ni même t’endormir devant la télé, ta tête sur ses genoux. quoi d'neuf par chez toi? il te demanda avant de retourner s’affaler avec sa pizza et sa bière comme si tu n’étais pas là. tu ricanas un peu avant de l’imiter, un bout de pizza déjà dans la bouche avant d’atteindre le canapé. de l’eau, beaucoup d’eau. tu répondis tout de suite sans prendre le temps d’avaler ce que tu mâchais. s’il avait des manières de cochons, les tiennes étaient encore pire que les siennes quand tu te trouvais en sa compagnie. à croire qu’il déteignait sur toi. mon appart est une vraie piscine, c’est pour ça que je viens squatter le tien. une gorgée de bière et tu lui balanças un grande sourire. le plombier doit passer d’ici quelques jours j’crois. comme si t’étais chez toi, tu t’emparas de la télécommande avant de mettre tes pieds sur le table basse. il t’avait bien dit de te mettre à l’aise non ? et toi alors ? tu lui renvoyas la balle sans même le regarder, trop absorbé par les programmes qui défilaient à l’écran. tu n’arrivais pas à te décider alors tu te contentais de zapper en attendant que yago réponde à ta question.