Début de soirée, la nuit tombera dans quelques minutes. Déjà, Lola s'est parée de cette tenue qui ne lui ressemble pas. Beaucoup trop révélatrice, peut-être même un tantinet vulgaire alors qu'elle a toujours aspiré à l'élégance. Ce soir, elle a un mauvais pressentiment, sans savoir pourquoi. Parce qu'elle a toujours peur, dans les rues. Quand ce n'est pas des clients, ou des gens qui traînent, c'est des flics. Situation compliquée qui la dépasse. Ses papiers qu'elle attend avec impatience, pour s'offrir une véritable seconde chance. Il a fallu des sacrifices, pour ces papiers si précieux à ses yeux, mais elle les aura. Elle y croit, s'accroche à cet espoir pour ne pas sombrer. Puis, on s'approche d'elle, la tirant de ses pensées. Un homme qui l'approche trop vite, trop brusquement. Elle tremble déjà, Lola. Et elle avait raison. Il lui fait une proposition, qui lui fait froid dans le droit. Elle refuse, net. Tout va trop vite. Il lui assène des coups, sur son corps. Sur son visage. Comme s'il avait besoin d'un punching-ball qu'elle n'est pas. Elle tente de se protéger, levant les bras, s'écartant comme elle le peut avant de se retrouver au sol. Et il s'en va aussi vite qu'il est arrivé, laissant sûrement une bonne dizaine de bleus à la jeune femme. Elle est en larmes, Lola. Elle savait que ça pouvait arriver, qu'un détraqué vienne la frapper juste parce qu'elle a refusé une de ses conditions. Elle pense à celui qu'elle voit comme son sauveur... Comme celui qui pourrait lui offrir cette porte de sortie qu'elle désire plus que tout. Elle ne veut plus faire ça, plus jamais, mais elle sait que le lendemain, elle devra y retourner, la peur au ventre. Elle a si mal, d'ailleurs, à son ventre, qu'elle n'arrive pas à se relever pour aller se cacher. Elle se concentre sur le souvenir de son visage, s'y accroche encore et encore. Comme s'il pouvait entendre son silencieux appel à l'aide.

Elle a le regard encore pleins de larmes. Encore un conard qui voyait que des formes, elle s’imaginait quoi en acceptant ce rendez-vous arrangé ? Que parce qu’il connaissait une connaissance à elle, les choses allaient être différentes ? Qu’elle allait devenir un être à part entière. Mais ce n’est que sa paire de seins qu’il avait maté tout au long du repas. Elle n’était restée que pour la bouffe. Gratuite avec son incapacité d’avoir un vrai salaire, elle pouvait pas se permettre de faire la difficile. Alors ouai, elle acceptait de supporter le manque de contact visuel mais en aucun cas de le laisser la toucher. Elle s’était barrée alors qu’il payait l’addition. Tant pis si cela n’était pas vraiment une bonne chose à faire. tant pis pour tellement de choses… elle pouvait pas. sauf qu’il la suivait ce con. Alors elle tentait de le semer mais elle avait mis des talons, idiotes qu’elle était… parce qu’elle avait encore envie de croire qu’un vrai truc c’était possible… même après toutes les galères. La ruelle, sur le côté, un endroit pour se cacher, pour le laisser passer sans la voir. Elle reculait de plus en plus Sofia sans vraiment faire attention avant de se mettre à crier, une sensation qu’on lui attrapait la cheville. Elle baissa le regard et elle aimait pas ce qu’elle voyait sofia. La silhouette au sol, elle vient s’agenouiller immédiatement à côté de la silhouette. « Mademoiselle, vous allez bien ? » qu’elle vient demander… Elle ne sait même pas si elle l’entend, en vitesse elle sort son téléphone pour appeler une ambulance.

Lola n'a pas la vie de tout le monde. Ça fait depuis toujours, en vérité. Grandir dans un pays en guerre, plus particulièrement sur un territoire pour lequel on se bat depuis des années... ça a mal tourné pour elle, pour ses proches. Mais aujourd'hui, sa vie est pire qu'avant. Elle en est réduite à vendre son corps... Sauf qu'elle n'a aucun moyen de fuir ça. Parce qu'elle est surveillée, elle le sent parfois. Pourtant, quand un homme vient s'en prendre à elle, il s'en donne à cœur joie. Personne n'intervient, il n'y a pas un rat dans la rue. Elle a mal, surtout à son ventre. Elle est terrifiée, prostrée dans la ruelle voisine. En larmes... Elle ne sait pas comment faire. Et ses cours de médecine, là, ils sont oubliés. Bien loin. Quand ça la concerne, elle oublie tout, mais quand il s'agit des autres, les vieux réflexes reviennent. Elle tente de ne pas faire trop de bruit, pleure en silence. Un peu comme elle le fait certaines nuits, quand elle trouve enfin un abri dans un endroit plus ou moins désaffecté. Elle ne sait même pas pourquoi elle pense à ce garçon... Celui qui va s'occuper de ses papiers. Peut-être parce qu'elle est à bout, qu'elle a terriblement besoin de lui. Finalement, une fille vient dans la rue. Elle la voit, ne bouge pas... Mais elle a besoin d'aide. Elle doit demander à cette fille qui sort de nulle part, qui n'a sûrement rien à faire là. Elle attire son attention comme elle le peut, posant sa main sur sa cheville. Elle crie, bien sûr, et ça fait peur à Lola malgré tout. La fille s'agenouille finalement près d'elle, mais rapidement, elle sort son téléphone. « Pas ça. » souffle-t-elle, secouant vivement la tête. Elle la supplie du regard, la brune, pour lui faire comprendre que c'est la dernière chose dont elle puisse avoir besoin. « Mal, là. » lui dit-elle doucement, posant sa main sur son ventre... Essayant tant bien que mal de calmer ses sanglots.

la peur, comment ne pas avoir peur en sentant quelque chose s’enrouler autant de sa jambe. oui, elle a été effrayée sofia. elle a eu ce petit moment d’hésitation mais qui n’a pas duré. parce qu’il y a le reste… elle qui n’est vraiment pas dans un bel état. elle qui a l’air d’avoir mal partout. sofia la regarde tout doucement. pour ne pas l’effrayer mais elle sait bien la demoiselle qu’elle ne serait pas assez… elle pleure mais elle tente de tout faire pour que sofia ne le remarque pas. mais elle le voit, la demoiselle ne peut pas s’empêcher de le voir. cette souffrance si grande, son regard, sa tenue, une idée de la situation. elle ne juge pas sofia. elle ne voit pas l’intérêt d’agir de la sorte… pour elle, ça ne sert à rien… les gens font ce qu’ils doivent faire pour survivre. elle aussi elle aurait pu tomber là-dedans, elle en a été parfois pas trop loin… son téléphone, elle le sort rapidement, pour l’aider. la laisser comme ça, c’est au-dessus de ses forces… « pas ça. » qu’elle lui demande sans que la demoiselle ne comprenne pourquoi. pour toi, c’est totalement fou… qu’elle ne veuille pas. en même temps, son accent la met peu à peu sur la voie…sans doute que l’hôpital est trop chef. que son mac ne serait pas d’accord non plus. qu’elle a peut-être peur de se faire sortir du pays par la suite. tant de possibilités qui pousse sofia à ranger son téléphone. pour ne pas l’effrayer. pour ne pas la mettre encore plus en danger qu’elle ne l’est déjà… « mal, là. » qu’elle rajoute sauf que sofia n’est pas médecin, qu’elle n’y connait rien. « il faudrait vraiment aller voir un médecin. » qu’elle dit, qu’elle supplie presque… « comment je veux vous aider ? » qu’elle finit par prononcer ne sachant vraiment pas qu’elle solution est la meilleure dans une telle situation…