Jupe, chemisier et escarpins assortis, les cheveux lâchés... Gabriela est prête pour la journée qui l'attend. Et quelle journée... Les rendez-vous vont se succéder. Mais celui qui l'angoisse, c'est indéniablement celui avec Finn. Ce n'est pas un client comme les autres, pour elle. C'est plus compliqué que ça ne devrait l'être en réalité. Quatre années passées à le défendre, ça a créé des liens. Il était le premier qu'elle défendait, à l'époque. Commise d'office, pour une affaire dont personne ne veut. Ce n'est pas le genre de cas qu'on prend pour la gloire, non. Elle l'a défendu bec et ongles, trop. Elle prenait cette affaire trop personnellement, juste parce qu'elle s'attachait à lui, de jour en jour. Un parcours difficile, mais une fille, une famille aussi. Et puis y avait ce côté qu'on ne peut pas expliquer, le côté interdit aussi. On a failli lui retirer le dossier tellement de fois qu'elle ne les comptait plus. Mais ils savaient que personne ne défendrait Finn comme elle le faisait. Elle s'est battue pour le garder, beaucoup trop. Et c'est de cette manière, que quatre ans après leur rencontre, elle a fini par lui dévoiler ce qu'elle ressentait. Se soulager d'un poids, l'espoir qu'il la voit autrement lui aussi. Elle se trompait. Et son rejet, ça l'a brisée. Elle a ce côté fier aussi, et elle n'en parlerait à personne. Lui sait, c'est déjà bien suffisant. En attendant, elle doit toujours s'occuper de son cas, ayant de temps en temps rendez-vous avec lui pour le suivre. Des histoires de paperasse et de réintégration principalement. Elle a rangé son bureau, ou plutôt, elle a tout changé de place. C'est ça à chaque fois qu'il vient, à croire qu'elle a besoin de tout changer pour s'occuper les mains et l'esprit quand elle attend sa venue. Elle a sorti son dossier, est installée à son bureau quand elle entend frapper. Elle sait que c'est lui. La chaire de poule remonte le long de ses bras. Elle appréhende. Elle ne lui a pas donné la permission qu'il entre. Elle soupire un peu, discrètement. À croire que tout l'énerve depuis qu'il l'a rejetée. Il l'observe, Finn. Même ça, c'est limite si elle n'apprécie plus. « Bonjour. » corrige-t-elle alors qu'il commence déjà avec une question, dont la réponse est évidente. Il s'assied, fait comme chez lui. Il s'affale comme s'il n'avai aucune motivation, comme un adolescent rebelle. Elle, face à lui, elle se tient droite. La tête haute, cette stature fière qu'elle adopte toujours quand il s'agit du travail. « Il faudrait que vous lisiez ça. Il y aura des choses à signer ensuite. » Elle glisse les documents vers lui. Oui, elle le vouvoie... Pour mieux se détacher. Sans succès cependant.