les fleurs sont en place autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. tu es arrivé une heure à l'avance parce que tu n'arrivais plus à dormir. tu t'es réveillé en plein milieu d'un cauchemar et sara y était dedans. elle te disait que tu n'étais qu'un déchet, qu'une pauvre loque et ça t'avait fait mal, plus que tu ne l'aurais pensé. pourquoi ? simplement parce que l'avis de la jeune femme était plus importante que n'importe quel avis d'amis, ou de ta famille. et même si tu savais que ce n'était qu'un rêve, qu'une invention de ton esprit, tu n'avais pas pu t'empêcher de pleurer toutes les larmes de ton corps. pourquoi la vie continuait-elle de te faire souffrir de la sorte ? tu en avais assez bavé avec sa mort, tu devrais pouvoir t'en remettre ou du moins essayer de t'en remettre. mais non ! à chaque fois que tu pensais que c'était le cas, que tu allais enfin pouvoir remonter à la surface et arrêter de te noyer, quelque chose te ramenait vers le bas. d'abord cora et son visage qui ressemblait étrangement à celui de sara, puis maintenant ton rêve et pour finir cette boutique de fleurs. bien que tu ne l'avais pas fait avec sara, c'était votre rêve sur le long terme. du coup, elle te rappelait la jeune femme sans te le rappeler. tu pousses un soupir en saluant tes voisins et tu entres dans la fleuristerie. c'est la san juan et les gens sont dans l'effervescence de la fête. toi, tu n'arrives pas à avoir la tête à ça. pourtant, tu plaques un sourire tes lèvres quand tu vois tavia entrer dans la boutique. « salut toi. » lui dis-tu en premier essayant tant bien que mal de cacher ton mal être. mais elle n'est pas idiote tavia, elle le verra parce que tout se lit sur ton visage. alors, à la place, tu te mets à parler pour ne pas qu'elle se rende compte que quelque chose ne vas pas. « j'ai déjà mis en place toutes les fleurs. tu n'auras plus qu'à aller dans la réserve derrière quand la livraison des fleurs fraîches arrivera. » t'as un partenariat avec des cultivateurs de fleurs qui t'en apportent des nouvelles tous les jours. « j'ai aussi mis de côté celles qui ne sont pas assez jolies pour la vente... tu n'auras qu'à les prendre pour chez toi. » c'est toujours ce que tu fais quand elles ont commencé à fâner et que tu ne peux plus les vendre. tu les donnes à tavia, ou tu les déposes sur la tombe de sara. t'as gardé des lys, sa fleur préférée justement pour elle. ton amie le comprendra en les voyant.

la san juan, l'ambiance festive dans les rues de séville, cette impression que des mini courants électriques te traversent le corps. t'aimais ça toi, tavia. les fêtes, la musique, les lumières. t'adorais ce genre d'atmosphère. un sourire éclatant sur les lèvres, tu sautilles presque dans les rues en direction de la boutique de fleurs dans laquelle tu travailles. tu avais beau avoir une passion non dissimulée pour la faune marine, les océans et les voyages, ton père t'avait appris depuis longtemps le langage des fleurs, comment les reconnaître et le meilleur moyen d'utiliser les parfums. c'était tout naturel que tu avais continué dans cette voie en cherchant un petit boulot pour combler tes jours quand tu n'étais pas en formation. l’institution n'était pas en ville mais sur la côte, tu ne pouvais pas être présente tous les jours, ton formateur étant souvent en déplacement, tu étais vraiment admirative de son travail, et tu espérais qu'un jour, tu pourrais partir en expédition avec lui. des étoiles qui scintillent presque au fond de tes pupilles alors que tu tournes au coin de la rue, apercevant la vitrine de la fleuristerie un peu plus loin, ton sourire qui se fait plus doux à présent, tu pousses doucement la porte. tes lèvres qui s'étirent un peu plus quand jeno te salue, tu en fais de même, enlevant ta veste de tes épaules. salut jeno, tu lui réponds, chantonnant les mots, tu viens déposer le vêtement sur le porte manteau derrière le comptoir. tu écoutes le jeune homme t'expliquer ce qu'il avait déjà fait avant ton arrivée, tu n'avais toujours pas regardé jeno en dehors de quand tu étais entrée. quand tu sens qu'il a fini, tu te tournes vers lui, croisant véritablement son regard pour la première fois depuis ton entrée. tu ne mets que quelques secondes à comprendre que ce n'était pas un bon jour, mais tu ne commentes pas, tu comprenais la pudeur de jeno sur ce sujet, tu n'irais pas chercher des réponses s'il ne voulait pas te les donner. en revanche, tu lui adresses une moue tendre, hochant la tête. pas de soucis, tu sais déjà quand ils prévoient de livrer ? tu demandes en ouvrant le cahier sur le comptoir pour vérifier si il y avait des commandes. merci, je suis certaine que papa appréciera aussi, je lui en donnerais quelques unes, je crois qu'il travaille sur un nouveau parfum. tu l'informes, jeno avait l'habitude que tu lui demandes de récupérer les fleurs non vendues autant pour toi que pour ton père. tu n'as pas prévu de participer aux festivités ? tu demandes au bout de quelques minutes, les yeux toujours plongées dans les pages. tu connaissais déjà la réponse, mais tu ne pouvais t'empêcher malgré tout.